lundi 11 février 2013

Conférence

Notre conférence du 29 Janvier 2013, ASEVE-CDI

" Abeilles des villes, abeilles des champs"

Le thème était prometteur, deux conférenciers François Lasserre de l'OPIE et Nicolas Géant de la société Nicomiel ont définitivement convaincu une nombreuse assistance à venir découvrir la vie des insectes et plus particulièrement celle des abeilles.
 

 














Lire ci-dessous le Compte rendu de la conférence.

« Abeilles des villes, abeilles des champs »,

notre conférence du 29 janvier 2013

 

par François LASSERRE, entomologiste de l’OPIE et Nicolas GEANT, PDG de NICOMIEL

 

Organisée conjointement par l’ASEVE et le CDI de Garches (Cercle de Documentation et d’Information), cette conférence exceptionnelle a attiré de nombreux Garchois. L’opération a débuté par un exposé sur la situation actuelle des hyménoptères (sauvages et domestiques) dans le monde du vivant, par F. Lasserre entomologiste de l’Office Pour les Insectes et leur Environnement, exposé suivi d’une présentation par N. Géant, fondateur et PDG de Nicomiel, de ses activités dans le domaine de l’apiculture (notamment en zones urbaines),

1 – Les hyménoptères dans le monde du vivant (F. Lasserre) :

     La France connait environ 7000 espèces de guêpes et 1000 espèces d’abeilles dont seuls les experts connaissent l’existence pour la majorité d’entre elles... « Notre » abeille dite domestique est le seul représentant des insectes sociaux qui soit producteur de miel, d’où sa place exceptionnelle auprès de l’homme depuis la plus haute antiquité. Les abeilles non domestiquées vivent en très petites colonies ou en solitaires, et constituent la population la plus répandue au niveau mondial et sur tout notre territoire. Elles sont généralement de petite taille (de 2 à plusieurs mm).

     L’abeille domestique est généralement mieux connue pour ses qualités de productrice de miel (ainsi que de gelée royale, de propolis et de cire) que de pollinisatrice. Lorsqu’elle butine (jusqu’à 4 à 5 km de sa ruche), elle joue naturellement ce rôle de manière significative et efficace, que ce soit dans les jardins ou dans les grands espaces naturels, dont les immenses domaines agricoles. Une ruche peut comprendre, regroupés autour de leur reine, 20000 à 30000 individus exerçant plusieurs métiers successifs tout au long de leurs courtes vies.

     Toutes les autres abeilles (ainsi que d’autres insectes, par exemple les papillons) ont un rôle majeur dans la pollinisation de l’ensemble du monde végétal, qu’il s’agisse des zones boisées ou des champs. Nous en avons tous rencontrés dans des parcs, des jardins ou sur les lieux de vacances, entrant furtivement dans leurs galeries au sol ou dans des murs ou des arbres, en pensant le plus souvent que ce sont des petites guêpes potentiellement dangereuses ou au mieux sans intérêt…C’est à tout ce vaste monde que nous devons l’essentiel des pollinisations nécessaires à notre alimentation.
     Les techniques de culture intensive, les déforestations, les suppressions de haies, la disparition de lieux humides, les produits chimiques utilisés à grande échelle sont à l’origine de la réduction progressive des populations de tous ces auxiliaires si précieux ; sans oublier les maladies (virales notamment) et les nouveaux prédateurs régulièrement dénoncés par les 

 
2 – Des ruches en ville… (N. Géant) :

     L’apiculture est une activité très ancienne, au bénéfice du plaisir et de la santé des humains. La profession, aujourd’hui, comprend environ 700 apiculteurs, qui possèdent couramment chacun plusieurs dizaines de ruches ; le nombre d’amateurs n’est pas connu avec précision. Les lieux d’implantation des ruches ont toujours été très majoritairement choisis dans des zones vertes ou ouvertes sur la nature (campagnes, bois, grands parcs ou jardins urbains) ; de plus en plus, on trouve des installations sur des terrasses ou des toits d’immeubles en centre ville ; les distances parcourues par les abeilles leur permettent en effet de trouver facilement pollen et nectar. On dit même que le miel de Paris (sur les toits de l’Opéra ou de l’Assemblée Nationale par exemple) serait meilleur, car moins pollué que ceux qui sont récoltés dans des zones marquées par les produits chimiques de l’agriculture ; aux yeux des professionnels, ce ne serait pas vrai…     

     L'apiculteur organise et gère la vie sociale et sanitaire de ses « protégées » (notamment la reine) ainsi que la production et la vente de leurs produits (miel, cire, gelée royale et propolis). Ce professionnel assure aussi la survie et la reproduction d'une colonie, grâce à l'élevage des reines. L’abeille est devenue malgré elle un acteur économique important dans le monde entier, non seulement pour ses productions directes, mais aussi par son rôle dans la pollinisation (naturelle ou orientée, quand les apiculteurs déplacent leurs ruches dans des zones de production agricole en fleurs). 

     Les principaux obstacles rencontrés dans l’apiculture sont liés aux facteurs climatiques et au décalage des saisons (à cause du réchauffement climatique), à la pollution, aux pesticides, aux prédateurs et aux maladies. Un autre problème est celui de l’appauvrissement génétique des abeilles domestiques les plus utilisées, pouvant diminuer leurs capacités à se défendre contre les maladies ou les parasites. Leur avenir est en jeu…

 

3 - Conclusion :

      Les abeilles non-mellifères, dont le nombre d’espèces au plan mondial est supérieur à 20000, sont menacées de disparition à plus ou moins long terme ; les causes en sont connues : destruction de forêts, suppression des bordures de champs, de haies et autres havres de reproduction, immensité croissante des grands espaces agricoles (mal)traités aux engrais, aux pesticides et autres x-cides par ailleurs actuellement encore utiles (?). De nombreuses études mondiales récentes prouvent que l’impact de l’ensemble des insectes sur la pollinisation est majeur. A titre d’exemple, pour les seules abeilles domestiques aux USA, la part du PIB lié à la pollinisation serait de l’ordre de 15 milliards de dollars (manque à gagner si cette pollinisation n’avait pas lieu…). 

     Le développement de l’apiculture pourrait constituer une solution à la réduction actuellement inéluctable des espèces sauvages, à condition de bien maîtriser les risques nombreux cités plus haut ; et à condition, aussi, de ne pas perturber le fonctionnement de ces espèces dont les abeilles domestiques sont des concurrentes redoutables. Pour les défenseurs de l’environnement soucieux de participer au développement durable, les enjeux sont multiples et complexes : n’y renonçons pas pour autant ! 
 
Références web :
 
Site NICOMIEL : http://www.nicomiel.com/
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Réflexion sur l'apiculture urbaine : http://www.la-sca.net/spip.php?article156